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R2087 - LE BLOG

Sanibulances, Bubus, Saniroulpas...

Fourgons à fourguer...

 

Que celui qui n'a jamais dormi dans un torpédo, me jette la 1ère bâche... (si elle est en bon état, ça m'intéresse...)

 

Alors oui, le torpédo c'est sympa, oui c'est un cabriolet pas cher et absolument génial.

D'accord c'est pratique pour charrier des trucs (quoique c'est haut, hein... ).

Mais pour y dormir... hum...

 

Si l'on met de côté l'aménagement spécifique façon camping-car lambrissé, équipant de très rares exemplaires (qui feraient passer une chambre au Royal Monceau, pour un squatt...), dormir dans la benne d'un torpédo est une expérience unique.

 

L'aventure c'est l'aventure...

 

Le campeur kaki est un adepte du Tétris : eh oui... car avant de dormir dans l'engin, il faut préparer son aménagement (et accessoirement, organiser tout le "b....l" qu'on a prévu d'emmener avec soi...).

 

Plusieurs écoles se disputent la pôle position :

 

Carrément hors concours le "Bûcheron de Vernon" (spécialisé dans l'architecture d'intérieur aux senteurs de résine), adepte du relooking aux accents d'Out of Africa, aura tout à portée de main. Chaque accessoire, du décapsuleur au réchaud, de la balayette au paquet de biscuits : tout, absolument tout a une place qui lui est réservée. Aucun risque en prenant son petit déj' de touiller un bol d'huile chaude avec un pinceau : chaque logement est unique et calibré en fonction de son contenu. Bref, chaque chose a une place ; une place pour chaque chose et Mémé sera bien gardée : respect !

 

A l'opposé de toute notion de confort douillet, limite précieux : on a le "Camionneur Malgache".

 

Lui il dort à même le plancher, sans matelas, bâches relevées même lorsque la nuit, l'huile d'olive fige dans la bouteille et que le Pastis fait des paillettes... On l'a même vu rêver au milieu des pneus... Alors pensez donc, la sieste sous la boite de transfert, chapeau posé sur l'herbe et clope au bec : c'est "Palace"...

 

Dans un tout autre style, il y a le routard prévoyant : "BricoMax", celui qui anticipe, qui planifie, qui organise ; bref le conceptuel... Cela dit il est organisé ; tout n'est chez lui qu'une question de priorités.

 

D'aucuns (la majorité en fait...), préparent leur couchage avant le raid ; lui il prévoit d'emmener le nécessaire pour tout construire sur place, façon Scout... Seul grain de sable dans cette désorganisation parfaitement huilée : la fuite d'air (et là, c'est tout le projet qui fait Pchiiitt !!!).

 

Pour le reste des baroudeurs, c'est en fait très classique : cela va du lit Picot, en passant par les planches coupées à la côte, le matelas auto-gonflable, la version en mousse, etc... L'ensemble est calé tant bien que mal, avec des caisses pleines de trucs qui ne serviront pas, mais que l'on arrête pas d'ouvrir car bien sûr, on a pas pris le temps d'écrire le détail de leurs contenus sur les couvercles...

 

Mais alors me direz-vous, que peut bien unir en communion, ces quatre groupes d'approche si disparates ? le SOMMEIL bien sûr !!!

 

Que la route fût ou pas longue, le col de la soif escarpé, ou le quotidien éreintant : à un moment donné même le plus valeureux des guerriers a besoin de recharger ses batteries (accus c'est moins plaisant à lire...).

 

Et là tout le monde se retrouve logé (si j'ose dire...) à la même enseigne (sauf bien sûr les privilégiés ayant troqué le PVC de leur toiture, par du coton (parfois doublé)).

 

Séquence immersion : (ce n'est pas qu'une image...) 

 

Imaginez :

 

il est tard, très tard, peut-être même trèèèèèès taaaarrd ; vos yeux charrient des brouettes de gravier * depuis déjà plus de deux heures (* le sable c'est quand on est pas trop fatigué...). Bref, il faut aller pioncer.

 

D'abord grimpette pour rejoindre l'appartement (c'est marrant, mais à ces heures là, la benne a pris au moins 50cm de plus en hauteur : drôle de mystère ???).

 

Première difficulté : trouver la lampe de poche, histoire de ne pas marcher sur la brique de lait , bien rangée entre la pompe à eau et les chips... 

 

Une fois à bord, on retire délicatement les autocuiseurs qui nous servent de pompes depuis le matin (Haaaaaaaaaahhhhhh !!!). L'idée étant de ne pas salir ce gentil nid douillet qui nous attend (et accessoirement, qui pourrait rester "pourri" pendant 2 jours, Bobonne n'étant pas là pour assurer l'intendance... (si ça c'est pas une vision machiste du couple !!!)).

 

Ensuite vient la 1ère difficulté : remonter le pont-levis :

 

Toujours sportif d'aller chercher la ridelle à l'étage du dessous pour tenter de la ramener à soi...

 

Dans ces moments-là, j'ai toujours une pensée émue pour ceux qui ont abusé de la boisson plus que de raison : peu d'alternatives soit on le fait bouche fermée et c'est la noyade par excès de gerbe ; soit c'est bouche grande ouverte et là, en fonction de différents paramètres (vitesse du vent, champ de pression gastrique, inclinaison de la ridelle, etc...), on attaque le "développé-projeté" façon crépi, de tout l'environnement proche. (Je vous laisse imaginer, la ridelle en position haute, avec l'intéressé qui la fixe, regard vitreux, et qui sur un éclair de lucidité, se demande dans quelle caisse il a rangé "ce putain de rouleau" d'essuie-tout...).

 

Heureusement tous les couvre-feux ne se passent pas de cette façon, alors on poursuit :

 

La ridelle est en place, il faut maintenant fermer le tendelet (bâche arrière pour les non-initiés).

 

C'est très simple : on est à l'intérieur et les sangles pour le faire sont à l'extérieur : y'a plus qu'à... (se mordre la langue pour ne pas gueuler comme un putois en pensant réveiller les autres  (qui en fait, sont à peu-près dans la même galère...)).

 

Comme on l'a vu plus haut, à partir de ce moment : plusieurs écoles s'affrontent. Pas le temps d'attaquer la menuiserie, et vu que le stage de vulcanisation sur matelas ne rouvrira que le lendemain, on va évoquer le cas le plus courant : celui qui a préparé son coucher quelques heures plus tôt.

 

Alors vous voilà assis au bord du lit (un bien grand mot pour un si petit lit), selon deux configurations possibles en fonction de votre taille et de la hauteur du couchage :

 

- 1 la position du crapaud car le lit est trop bas

Vous avez les genoux sous le menton, la brioche compressée (à 4 bars d'avoir trop bouffé [sauf si entre-temps vous avez repeint le pont-levis ; auquel cas, ça va déjà beaucoup mieux...]) , et comme lorsque vous vous baissez pour lacer vos godasses, l'apnée vous étreint...

 

- 2 la position du mineur car le lit est trop haut (ou vous êtes trop grand ; voire l'addition des 2)

Vous venez de gueuler un grand coup en vous fracassant le sommet du crâne contre l'un des arceaux de la benne. Dans cette position : assis, l'échine courbée et le menton plaqué au thorax, vous comprenez mieux pourquoi vos gamins pourtant enjoués à l'idée de régner sur le monde depuis le sommet de leurs lits superposés, aujourd'hui se battent pour habiter à l'étage inférieur...

 

A ce moment-là de la procédure, les quelques neurones encore valides, envoient à votre cerveau tuméfié, une réflexion qui s'apparente à : "Putain, mais qu'est-ce que je fous-là ???" (avec parfois sa variante, toute aussi fleurie : "Mais quelle merde ce truc... !").

 

Cela dit, gardez courage car il reste encore un peu de chemin à parcourir avant de pouvoir faire "téter les puces", ou plus prosaïquement "rouler la viande dans le torchon"... 

 

Séquence effeuillage...

 

Que ce soit dans la position du crapaud, ou celle du mineur (voir plus haut), tenter de se dépoiler sans pouvoir être debout, constitue à lui seul un exercice sympathique ; que dis-je : une épreuve !

 

Tout d'abord passer le col du polo par-delà la tête, et cogner des mains sur ces "P..." d'arceaux en libérant les manches est déjà fort sympa.

 

Ca l'est d'autant plus que durant l'opération, alors que vous suffoquez et n'y voyez pas grand chose à part la qualité du tissage du polo sus-nommé  (imaginez 2 secondes, ce que pourrait donner l'envie d'aller passer une 2ème couche sur le pont-levis dans un moment pareil...), vos gesticulations ont fait tomber la lampe de poche, qui désormais parabole face au sol, n'éclaire qu'elle-même... (là on ajoute pour faire plus vrai : "Putain de merde !" ; et éventuellement histoire de rester dans le ton : "Ca fait chier, bordel !"...).

 

Reste le futal, mais là c'est presque plus facile : tel l'homme de l'Atlantide, vous voilà ondulant de tout le corps (y'a aussi la version orientale, mais vous vous abstenez car c'est moins viril, et puis les "Youyous" à cette heure-là ça peut déranger les voisins...). Enfin là c'est clair : la séance de hula hoop aura fini de vous mettre en slip ! 

 

Sauf à vouloir péter dans la soie, normalement vous n'avez pas emporté de draps, préférant à cette image du luxe, une autre tout autant exotique que champêtre : celle de ressembler à un rouleau de printemps, engoncé dans un sac de couchage... (quand on nem...)

 

Ziiiiiiip !!! d'un geste précis et sûr, presque altier (tellement vous considérez la victoire de l'homme sur la machine, comme une étape normale de l'évolution), voilà ce fameux sac de couchage s'offrant à vous, entrouvert tel le pain du Kebab attendant sa barbaque... [Rhôôôh la métaphore...]. 

 

Alors selon vos précédents déboires, vous rampez, glissez, tombez, roulez, etc... (vers, en direction de, sur, dans...), ce magnifique plumard. Enfin installé, les chaussettes toujours aux pieds (c'est moche, mais personne ne le voit, et puis les nuits sont fraîches...), vous voilà prêt à déclamer : "Du haut de ce couchage, 50€ de chez Décathlon vous contemplent..."

 

Les détails restants ne sont désormais, plus que formalités (quoique...) 

 

Après Ziiiiiip (et avant le Unzip du lendemain matin), il faut fermer la boutique : facile !

Oui...

Mais ça c'était avant...

 

Avant de coincer cette "S.......e" de fermeture à glissière dans les plis du duvet (coup de bol, vous avez gardé votre slip : ça aurait pu être pire...). Vous voilà encore une fois en train de gueuler comme un putois (mais pas trop fort quand même : y'a du monde autour), tout en rêvant à une chambre chez Ibis (même sans clim et avec literie non rénovée...)).

 

Enfin, ça y est !!! vous voilà prêt à dormir, béat de bonheur : il ne reste plus qu'à fermer dans l'ordre : la lumière et les yeux (le tendelet et le sac de couchage c'est fait !).

 

Mmmhmmmm !

.

...

....

?

??

???

 

20 minutes plus tard, y'a quand même un truc qui ne va pas : vous avez toujours l'oeil rond !

 

Alors oui, les 5 premières minutes d'apaisement n'ont été que bonheur et volupté...

 

D'accord, les bruits bizarres en provenance du camion d'à côté, distillés par un pote qui tente de tuer les moustiques par le gaz, ça vous a fait marrer... (trop heureux de vous être épargné la co-location...).

 

Mais là non c'est plus possible : il y a un groupe électrogène qui tourne, ou quoi ???

 

A demi-assis dans votre étui textile, telle une larve visant la métamorphose, vous tendez l'oreille afin de déterminer la provenance de cet horrible ronflement qui fait vibrer jusqu'aux douilles dans la caisse à outils (ne cherchez pas de contrepèterie : y'en a pas !).

 

Ca y est !!! vous l'avez trouvé : c'est le Chevalier du Pont-Levis !!!

 

Oui !!! c'est bien lui ! déjà qu'en léger surpoids il pourrait être sensible aux phénomènes vibratoires nocturnes, alors là pensez-donc : bourré et décrépi !!! (oui je sais...), il est redoutable.

 

De la vacuité (en un seul mot...) de ses dernières paroles (qui pour mémoire, furent : "Buuuuurrrrp !"), au vide intersidéral qui doit lui tenir lieu de rêves, ne peuvent s'élever que moult sons caverneux...

 

Embrayer sur Caruso (ou mieux une berceuse), ne semblant visiblement pas être dans ses priorités à court terme, il va falloir recourir à la technique afin d'échapper au pire et tenter de pioncer au mieux...

 

Du coup, bien réveillé, vous avez les boules (celles-là ne vont pas dans les oreilles, alors oubliez !).

 

Ne reste plus qu'à vous casquer de vos fringues sales (vous avez oublié l'oreiller sur le lit à la maison...), en les compressant au maximum autour de votre tête pour étouffer le bruit, le tout en laissant un petit passage vous permettant de respirer (c'est mieux !).

 

Enfin...

 

Désormais vous vous demandez quel était l'objet de l'article, et le rapport de la chèvre au chou, entre un torpédo et une ambulance, et vous avez raison : on y vient !!! (Pffft ! c'est long !).

 

Donc vous dormez (mal car à défaut d'avoir picolé, vous avez trop bouffé...), et comme votre sommeil est agité, vous entamez votre première révolution nocturne (j'ai pas dit pollution, bande de crados).

 

Faire un tour sur soi-même, c'est presque de l'introspection, une auto-analyse en quelque sorte... sauf que là, c'est physique, et comme l'affaire est dans le sac, c'est pas simple...

 

La technique consiste à jouer des coudes pour tenter un début de rotation du corps, sans virer les couvertures qui n'arrêtent pas de glisser sur le nylon du duvet (vous voyez ?).

 

Dans le même temps, la tête commence à tourner si tout se passe bien. Sauf que là, le casque en fringues sales que vous avez mis autour, lui, reste fixe... A mi-parcours, vous avez donc le pif précisément sous l'une des manches du polo, à l'exact emplacement des aisselles... (à vue de nez s'entend...).

 

Plus ou moins conscient de la dangerosité qu'il y a à respirer des composés organiques volatiles, dans un demi-sommeil, vous virez prestement votre casque anti-bruit, en tapant au passage de la main, dans ce "P....n" d'arceau de bâche. 

 

Et là c'est le drame... Ou plutôt c'est la douche !!!

 

Eh oui, voilà enfin révélée la dure réalité que connaît tout baroudeur en 2087 torpédo (avec bâches en PVC).

 

Durant le sommeil, votre haleine fétide chargée d'humidité (2 bonnes raisons qui font que parfois votre compagne s'en aille dormir sur le canapé... [et en encore, on a pas parlé du gazage des moustiques !]), votre souffle humide disais-je, ne pouvant pas s'échapper à travers les bâches en PVC à peu près étanches, va se condenser au sommet de ces dernières.

 

Ainsi, d'heure en heure, il se forme une multitude de gouttelettes d'eau qui n'attendent qu'un retournement de situation (le vôtre), pour s'en aller choir sur le rouleau de printemps qui allongé tranquillement dessous, n'en demande généralement pas tant... (un sommeil Feydeau en quelque sorte...)

 

L'orage est donc à portée de main : car c'est cette dernière en tapant dans l'arceau qui a déclenché le déluge. Ces trombes, outre vous avoir définitivement réveillé, ont transformé  votre magnifique loft en marécage... (pour s'en sortir, reste la position du crapaud, qui pour le coup était prémonitoire...)

 

C'est donc après avoir été douché plusieurs fois, et bien des années après ne plus faire 'pipi au lit", que la désagréable sensation de se réveiller mouillé, a motivé ma recherche d'une ambulance.

 

En effet, ces fourgons sont isolés, ce qui évite la condensation, et coupe du froid et du bruit.

 

Alors même si c'est moins drôle à utiliser (car en gagnant en confort, on perd l'usage du cabriolet), dormir dans une ambulance (quand on est en pleine santé), est malgré tout bien plus plaisant que camper dans un torpédo... Accepter l'un ou profiter de l'autre, est aussi une question d'âge, sans doute...

 

Lors de votre prochaine escapade en torpédo, pensez à imprimer cette histoire : elle sera votre check-list, pour que tout se déroule comme... d'habitude...  :-)

 

Au fait, pourquoi le titre  "Sanibulance, Bubu, et Saniroulpas" ?

 

Pour le savoir, il faudra revenir pour un prochain article...

 



06/08/2014
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